Isetta 250 (1956)
Au début de l'année 1954, le principal agent de BMW en Suisse, Drenowatz, est en visite au Salon de Genève, où il découvre une « moto entièrement carénée » appelée Isetta et fabriquée par la firme italienne Isomoto. Il présente immédiatement son rapport au directeur des ventes, Hans Grewenig. BMW a déjà consacré beaucoup de temps à l'étude d'une voiture populaire qui représente la meilleure valeur possible pour l'entreprise, et l'Isetta semble correspondre à ces attentes. Eberhard Wolff, directeur du centre d'essai de BMW, déclare que l'« [Isetta] n'est délibérément pas destinée à être une voiture de salon ».
En 1955, la firme BMW décide de se lancer dans les véhicules populaires en produisant à son compte la petite Isetta. Contrairement à l'Italie, l'Allemagne offre un marché très porteur pour ces petites voitures. Le climat, sans doute moins clément pour les usagers du scooter, joue un rôle déterminant dans ce succès. Cependant, des grands noms sont déjà présents sur le marché : Goliath, Lloyd, Zündapp ou encore Messerschmitt et Heinkel, deux sociétés aéronautiques contraintes à la reconversion après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
La présentation de la petite BMW a lieu lors d'une conférence de presse le 5 mars 1955, sans cérémonie particulière. Dans l'hôtel au bord du lac Bachmair à Rottach-Egern, les journalistes ont l'occasion de découvrir une biplace, bien loin des voitures de sport habituelles. Fritz Fiedler, à la tête du développement des véhicules de BMW, résume dans son discours d'ouverture qu'« avec la BMW Isetta, un type de véhicule économique, et un concept tout à fait nouveau en Allemagne, est offert au public ». Cependant, la dernière BMW n'est pas réellement une surprise, étant donné que la société annonce, dès l'automne 1954, l'arrivée de ce nouveau modèle, soit six mois avant que l'Isetta ne soit réellement disponible pour une inspection dans l'usine de Milbertshofen.
BMW affiche d'autres ambitions pour l'Isetta. Le caractère novateur de ce véhicule n'échappe pas aux techniciens bavarois de BMW. Avec sa porte frontale et son encombrement réduit, ce scooter carrossé peut non seulement tenir une place honorable dans la circulation urbaine, mais aussi se jouer des problèmes de stationnement. Les ingénieurs apportent quelques améliorations à l'édition originale. Peu pratique avec son mélangeur huile/essence, le monocylindre deux temps est remplacé par à un quatre temps emprunté à une moto. Refroidi par une petite turbine, le moteur développe 12 chevaux permettant d'atteindre les 80 km/h en vitesse de pointe. Bruyante, manquant de couple à bas régime, cette mécanique sera secondée l'année suivante par une version 300 cm3, dénommée Isetta 300.
Néanmoins, l'Isetta présente de nombreux défauts : la boîte de vitesses est dure, l'habitacle est très chaud pendant l'été, la direction est floue. Par ailleurs, l'accélération est loin de satisfaire les attentes : le 0 à 40 milles/h est effectué en 40 s. En ce qui concerne le confort et l'habitabilité, certains la trouvent spacieuse, appréciant la vue « panoramique », tandis que d'autres déclarent comprendre à quoi ressemble « la vie d'un poisson dans un bocal ». Malgré tout, elle va surclasser toutes ses rivales du moment sur le marché allemand. À peine dévoilée, en avril 1955, la petite voiteure voit ses commandes affluer et son succès aller grandissant les années suivantes, grâce à des tarifs très attractifs.
Toutefois, BMW peine à amortir le coût de sa production. Ainsi, en 1958, alors que plus de 100 000 exemplaires sont vendus, la trésorerie du constructeur se retrouve une nouvelle fois au plus bas. La production devient un gouffre pour la marque. Cependant, un nouveau modèle voit le jour cette même année, doté notamment de nouvelles suspensions améliorant la tenue de route et d'une carrosserie modernisée à toit ouvrant et vitres latérales coulissantes. Les tarifs sont revus à la hausse, mais il est trop tard. La croissance économique bat son plein et la clientèle s'est lassée des micro-voitures. La hausse du pouvoir d'achat, l'arrivée sur le marché de voitures d'occasion et de véhicules neufs plus accessibles mettent fin aux micro-citadines. En 1962, l'Isetta disparaît du catalogue BMW. 161 728 unités au total ont été produites.
Il semble par ailleurs, selon certaines sources, que la fin de la production de l'Isetta soit due à deux rumeurs. La première rapportait que l'un des concurrents de BMW avait planifié la création de nouvelles petites voitures, plus grandes, mais offrant un aussi bon rapport qualité-prix. La seconde était l'arrêt supposé de la production de la BMW Isetta en 1956 alors qu'elle n'eut lieu que six ans plus tard.